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MOLL FLANDERS

rances répétées qu’il oublierait ce qui s’était passé.

Elle vint me trouver en effet, et me rapporta tout le discours ; en somme, elle m’amena bientôt à consentir en un cas où j’éprouvais quelque regret d’avoir refusé auparavant ; si bien que je me préparai à le voir. Je m’habillai du mieux que je pus à mon avantage, je vous l’assure, et pour la première fois j’usai d’un peu d’artifice ; pour la première fois, dis-je, car je n’avais jamais cédé à la bassesse de me peindre avant ce jour, ayant toujours assez de vanité pour croire que je n’en avais point besoin.

Il arriva à l’heure fixée ; et, ainsi qu’elle l’avait remarqué auparavant, il était clair encore qu’il venait de boire, quoiqu’il fût loin d’être ce qu’on peut appeler ivre. Il parut infiniment charmé de me voir et entra dans un long discours avec moi sur toute l’affaire ; j’implorai son pardon, à maintes reprises, pour la part que j’y avais eue, protestai que je n’avais point entretenu de tel dessein quand d’abord je l’avais rencontré, que je ne serais pas sortie avec lui si je ne l’eusse pris pour un gentilhomme fort civil et s’il ne m’eût fait si souvent la promesse de ne rien tenter qui fût indécent. Il s’excusa sur le vin qu’il avait bu, et qu’il savait à peine ce qu’il faisait et que s’il n’en eût pas été ainsi, il n’eût point pris avec moi la liberté qu’il avait fait. Il m’assura qu’il n’avait point touché d’autre femme que moi depuis son mariage, et que ç’avait été pour lui une surprise ; me fit des compliments sur le grand agrément que je lui donnais, et autres choses semblables, et parla si longtemps en cette façon, que je trouvai que son animation le menait en somme à l’humeur de recommencer. Mais