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MOLL FLANDERS

quante, mais l’assesseur exposa mon cas comme bon lui sembla.

J’avais maintenant la certitude de la vie, en vérité, mais avec les dures conditions d’être condamnée à être déportée, ce qui était, dis-je, une dure condition, en elle-même, mais non point si on la considère par comparaison. Et je ne ferai donc pas de commentaires sur la sentence ni sur le choix qui me fut donné ; nous choisissons tous n’importe quoi plutôt que la mort, surtout quand elle est accompagnée d’une perspective aussi déplaisante au-delà, ce qui était mon cas.

Je reviens ici à ma gouvernante, qui avait été dangereusement malade, et ayant approché autant de la mort par sa maladie que moi par ma sentence, était extrêmement repentante ; je ne l’avais point vue pendant tout ce temps ; mais comme elle se remettait, et qu’elle pouvait tout justement sortir, elle vint me voir.

Je lui dis ma condition et en quel différent flux et reflux de craintes et d’espérances j’avais été agitée ; je lui dis à quoi j’avais échappé, et sous quelles conditions ; et elle était présente lorsque le ministre commença d’exprimer des craintes sur ce que je retomberais dans mon vice lorsque je me trouverais mêlée à l’horrible compagnie que généralement on déporte. En vérité, j’y réfléchissais mélancoliquement moi-même, car je savais bien quelle affreuse bande on embarque d’ordinaire, et je dis à ma gouvernante que les craintes du bon ministre n’était pas sans fondement.

— Bon, bon ! dit-elle, mais j’espère bien que tu ne seras point tentée par un si affreux exemple.

Et aussitôt que le ministre fut parti, elle me dit qu’il