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MOLL FLANDERS

compagnie qui m’avait entraînée à soulager mes détresses en une façon pour moi inaccoutumée ; et qu’eux ayant fait une tentative sur la maison d’un marchand, j’avais été arrêtée pour n’avoir fait qu’aller jusqu’à la porte, une fille de service m’ayant saisie à l’improviste ; que je n’avais point forcé de serrure ni rien enlevé et que ce nonobstant j’avais été reconnue coupable et condamnée à mourir, mais que les juges ayant été touchés par la dureté de ma condition, avaient obtenu pour moi la faveur d’être déportée.

Je lui dis que j’avais eu d’autant plus de malheur que j’avais été prise dans la prison pour une certaine Moll Flanders qui était une grande et célèbre voleuse dont ils avaient tous entendu parler, mais qu’aucun d’eux n’avait jamais vue ; mais qu’il savait bien que ce n’était point là mon nom. Mais je plaçai tout sur le compte de ma mauvaise fortune ; et que sous ce nom j’avais été traitée comme une ancienne délinquante, malgré que ce fût la première chose qu’ils eussent jamais sue de moi. Je lui fis un long récit de ce qui m’était arrivé depuis qu’il m’avait vue ; mais lui dis que je l’avais revu depuis et sans qu’il s’en fût douté ; puis je lui racontai comment je l’avais vu à Brickhill ; comment il était poursuivi ; et comment, en déclarant que je le connaissais et que c’était un fort honnête gentilhomme, j’avais arrêté la huée et que le commissaire s’en était retourné.

Il écouta très attentivement toute mon histoire, et sourit de mes aventures, étant toutes infiniment au-dessous de celles qu’il avait dirigées en chef ; mais quand je vins à l’histoire de Little Brickhill, il demeura surpris :