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MOLL FLANDERS

— Madame Betty, j’ai une faveur à vous demander.

— Et laquelle donc ? demande la seconde sœur.

— Alors, ma sœur, dit-il très gravement, si tu ne peux te passer de Mme Betty aujourd’hui, tout autre moment sera bon.

Mais si, dirent-elles, elles pouvaient se passer d’elle fort bien, et la sœur lui demanda pardon de sa question.

— Eh bien, mais, dit la sœur aînée, il faut que tu dises à Mme Betty ce que c’est ; si c’est quelque affaire privée que nous ne devions pas entendre, tu peux l’appeler dehors : la voilà.

— Comment, ma sœur, dit le gentilhomme très gravement, que veux-tu dire ? Je voulais seulement la prier de passer dans High Street (et il tire de sa poche un rabat), dans telle boutique. Et puis il leur raconte une longue histoire sur deux belles cravates de mousseline dont il avait demandé le prix, et qu’il désirait que j’allasse en message acheter un tour de cou, pour ce rabat qu’il montrait, et que si on ne voulait pas prendre le prix que j’offrirais des cravates, que je misse un shilling de plus et marchandasse avec eux ; et ensuite il imagina d’autres messages et continua ainsi de me donner prou d’affaires, afin que je fusse bien assurée de demeurer sortie un bon moment.

Quand il m’eût donné mes messages, il leur fit une longue histoire d’une visite qu’il allait rendre dans une famille qu’ils connaissaient tous, et où devaient se trouver tels et tels gentilshommes, et très cérémonieusement pria ses sœurs de l’accompagner, et elles, en semblable cérémonie, lui refusèrent à cause d’une société qui devait