Page:Defoe - Moll Flanders, trad. Schowb, ed. Crès, 1918.djvu/81

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
60
MOLL FLANDERS

avant que je pusse avoir la moindre occasion de faire connaître à son fils ce qui s’était passé, résolut aussi de parler à son fils sur-le-champ, et le fit chercher, car il n’était allé qu’à la maison d’un avocat, en ville, et, sur le message, revint aussitôt.

Dès qu’il arriva, car elles étaient toutes ensemble :

— Assieds-toi, Robin, dit la vieille dame, il faut que je cause un peu avec toi.

— De tout mon cœur, madame, dit Robin, l’air très gai ; j’espère qu’il s’agit d’une honnête femme pour moi, car je suis bien en peine là-dessus.

— Comment cela peut-il être ? dit sa mère : n’as-tu pas dit que tu étais résolu à prendre Mme Betty ?

— Tout juste, madame, dit Robin, mais il y a quelqu’un qui interdit les bans.

— Interdit les bans ? qui cela peut-il être ?

— Point d’autre que Mme Betty elle-même, dit Robin.

— Comment, dit sa mère, lui as-tu donc posé la question ?

— Oui vraiment, madame, dit Robin, je l’ai attaquée en forme cinq fois depuis qu’elle a été malade, et j’ai été repoussé ; la friponne est si ferme qu’elle ne veut ni capituler ni céder à aucuns termes, sinon tels que je ne puis effectivement accorder.

— Explique-toi, dit la mère, car je suis surprise, je ne te comprends pas ; j’espère que tu ne parles pas sérieusement.

— Mais, madame, dit-il, le cas est assez clair en ce qui me concerne : il s’explique de lui-même ; elle ne veut pas de moi — voilà ce qu’elle dit — n’est-ce pas assez