ne lui avait pas demandé moins de cinq fois, et qu’elle l’avait fermement refusé, il me semble qu’une plus jeune sœur n’a pas à douter de sa véracité, quand sa mère ne l’a point fait.
— C’est que ma mère, vois-tu, n’a pas bien compris, dit la seconde sœur.
— Il y a quelque différence, dit Robin, entre demander une explication et me dire qu’elle ne me croit pas.
— Eh bien, mais, fils, dit la vieille dame, si tu es disposé à nous laisser pénétrer dans ce mystère, quelles étaient donc ces conditions si dures ?
— Oui, madame, dit Robin, je l’eusse fait dès longtemps, si ces fâcheuses ici ne m’avaient harcelé par manière d’interruption. Les conditions sont que je vous amène, vous et mon père, à y consentir, sans quoi elle proteste qu’elle ne me verra plus jamais à ce propos ; et ce sont des conditions, comme je l’ai dit, que je suppose que je ne pourrai jamais remplir ; j’espère que mes ardentes sœurs sont satisfaites maintenant, et qu’elles vont un peu rougir.
Cette réponse fut surprenante pour elles toutes, quoique moins pour la mère, à cause de ce que je lui avais dit ; pour les filles, elles demeurèrent muettes longtemps ; mais la mère dit, avec quelque passion :
— Eh bien, j’avais déjà entendu ceci, mais je ne pouvais le croire ; mais s’il en est ainsi, nous avons toutes fait tort à Betty, et elle s’est conduite mieux que je ne l’espérais.
— Oui, vraiment, dit la sœur aînée, s’il en est ainsi, elle a fort bien agi, en vérité.
— Il faut bien avouer, dit la mère, que ce n’est point