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Page:Defoe - Moll Flanders, trad. Schowb, ed. Crès, 1918.djvu/84

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MOLL FLANDERS

sa faute à elle s’il a été assez sot pour se le mettre dans l’esprit ; mais de lui avoir rendu une telle réponse montre plus de respect pour nous que je ne saurais l’exprimer ; j’en estimerai la fille davantage, tant que je la connaîtrai.

— Mais non pas moi, dit Robin, à moins que vous donniez votre consentement.

— Pour cela, j’y réfléchirai encore, dit la mère ; je t’assure que, s’il n’y avait pas bien d’autres objections, la conduite qu’elle a eue m’amènerait fort loin sur le chemin du consentement.

— Je voudrais bien qu’elle vous amenât jusqu’au bout, dit Robin : si vous aviez autant souci de me rendre heureux que de me rendre riche, vous consentiriez bientôt.

— Mais voyons, Robin, dit la mère encore, es-tu réellement sérieux ? as-tu vraiment envie de l’avoir ?

— Réellement, madame, dit Robin, je trouve dur que vous me questionniez encore sur ce chapitre ; je ne dis pas que je l’aurai : comment pourrais-je me résoudre là-dessus puisque vous voyez bien que je ne pourrai l’avoir sans votre consentement ? mais je dis ceci, et je suis sérieux, que je ne prendrai personne d’autre, si je me puis aider : « Betty ou personne », — voilà ma devise ! et le choix entre les deux est aux soins de votre cœur, madame, pourvu seulement que mes sœurs ici, qui ont si bon naturel, ne prennent point part au vote.

Tout ceci était affreux pour moi, car la mère commençait à céder, et Robin la serrait de près. D’autre part, elle tint conseil avec son fils aîné, et il usa de tous les arguments du monde pour lui persuader de consentir, alléguant l’amour passionné que son frère me portait, et le généreux respect que j’avais montré pour la famille