Page:Defoe - Robinson Crusoé, Borel et Varenne, 1836, tome 1.djvu/123

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
     
    sauvé de la mort peut aussi me délivrer de cette condition.
Je suis retranché du nombre des hommes ; je suis un solitaire, un banni de la société humaine.   Mais je ne suis point mourant de faim et expirant sur une terre stérile qui ne produise pas de subsistances.
Je n’ai point de vêtements pour me couvrir.   Mais je suis dans un climat chaud, où, si j’avais des vêtements, je pourrais à peine les porter.
Je suis sans aucune défense, et sans moyen de résister à aucune attaque d’hommes ou de bêtes.   Mais j’ai échoué sur une île où je ne vois nulle bête féroce qui puisse me nuire, comme j’en ai vu sur la côte d’Afrique ; et que serais-je si j’y avais naufragé ?
Je n’ai pas une seule âme à qui parler, ou qui puisse me consoler.   Mais Dieu, par un prodige, a envoyé le vaisseau assez près du rivage pour que je pusse en tirer tout ce qui m’était nécessaire pour suppléer à mes besoins ou me rendre capable d’y suppléer moi-même aussi longtemps que je vivrai.

En somme, il en résultait ce témoignage indubitable, que, dans le monde, il n’est point de condition si miséra-