Page:Defoe - Robinson Crusoé, Borel et Varenne, 1836, tome 1.djvu/143

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

à l’esprit que j’avais secoué en cet endroit le sac qui avait contenu la nourriture de la volaille, et le miracle commença à disparaître. Je dois l’avouer, ma religieuse reconnaissance envers la providence de Dieu s’évanouit aussitôt que j’eus découvert qu’il n’y avait rien que de naturel dans cet événement. Cependant il était si étrange et si inopiné, qu’il ne méritait pas moins ma gratitude que s’il eût été miraculeux. En effet, n’était-ce pas tout aussi bien l’œuvre de la Providence que s’ils étaient tombés du Ciel, que ces dix ou douze grains fussent restés intacts quand tout le reste avait été ravagé par les rats ; et, qu’en outre, je les eusse jetés précisément dans ce lieu abrité par une roche élevée, où ils avaient pu germer aussitôt ; tandis qu’en cette saison, partout ailleurs, ils auraient été brûlés par le soleil et détruits ?