Page:Defoe - Robinson Crusoé, Borel et Varenne, 1836, tome 2.djvu/120

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pos ; ses pensées continuaient à être agitées et inquiètes sans qu’il sût pourquoi.

Ayant fait quelque bruit en se levant et en allant et venant, l’un de ses compagnons s’éveilla et demanda quel était celui qui se levait. Le gouverneur lui dit ce qu’il éprouvait. — « Vraiment ! dit l’autre espagnol, ces choses-là méritent qu’on s’y arrête, je vous assure : il se prépare en ce moment quelque chose contre nous, j’en ai la certitude » ; — et sur-le champ il lui demanda où étaient les Anglais. — « Ils sont dans leurs huttes, dit-il, tout est en sûreté de ce côté-là. » — Il paraît que les Espagnols avaient pris possession du logement principal, et avaient préparé un endroit où les trois Anglais, depuis leur dernière mutinerie, étaient toujours relégués sans qu’ils pussent communiquer avec les autres. — « Oui, dit l’Espagnol, il doit y avoir quelque chose là-dessous, ma propre expérience me l’assure. Je suis convaincu que nos âmes, dans leur enveloppe charnelle, communiquent avec les esprits incorporels, habitants du monde invisible et en reçoivent des clartés. Cet avertissement, ami, nous est sans doute donné pour notre bien si nous savons le mettre à profit. Venez, dit-il, sortons et voyons ce qui se passe ; et si nous ne trouvons rien qui justifie notre inquiétude, je vous conterai à ce sujet une histoire qui vous convaincra de la vérité de ce que je vous dis. »

En un mot, ils sortirent pour se rendre au sommet de la colline où j’avais coutume d’aller ; mais, étant en force et en bonne compagnie, ils n’employèrent pas la précaution que je prenais, moi qui étais tout seul, de monter au moyen de l’échelle, que je tirais après moi, et replaçais une seconde fois pour gagner le sommet ; mais ils traversèrent le bocage sans précaution et librement, lorsque