Page:Defoe - Robinson Crusoé, Borel et Varenne, 1836, tome 2.djvu/227

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légitimement mariés que s’ils l’eussent été par un recteur et avec toutes les formalités du monde.

Je leur répliquai que sans aucun doute ils étaient unis aux yeux de Dieu et consciencieusement obligés de garder ces femmes pour épouses ; mais que les lois humaines étant touts autres, ils pouvaient prétendre n’être pas liés et délaisser à l’avenir ces malheureuses et leurs enfants ; et qu’alors leurs épouses, pauvres femmes désolées, sans amis et sans argent, n’auraient aucun moyen de se sortir de peine. Aussi, leur dis-je, à moins que je ne fusse assuré de la droiture de leurs intentions, que je ne pouvais rien pour eux ; que j’aurais soin que ce que je ferais fût, à leur exclusion, tout au profit de leurs femmes et de leurs enfants ; et, à moins qu’ils ne me donnassent l’assurance qu’ils épouseraient ces femmes, que je ne pensais pas qu’il fût convenable qu’ils habitassent plus long-temps ensemble conjugalement ; car c’était tout à la fois scandaleux pour les hommes et offensant pour Dieu, dont ils ne pouvaient espérer la bénédiction s’ils continuaient de vivre ainsi.

Tout se passa selon mon attente. Ils me déclarèrent, principalement Atkins, qui semblait alors parler pour les autres, qu’ils aimaient leurs femmes autant que si elles fussent nées dans leur propre pays natal, et qu’ils ne les abandonneraient sous aucun prétexte au monde ; qu’ils avaient l’intime croyance qu’elles étaient tout aussi vertueuses, tout aussi modestes, et qu’elles faisaient tout ce qui dépendait d’elles pour eux et pour leurs enfants tout aussi bien que quelque femme que ce pût être. Enfin que nulle considération ne pourrait les en séparer. William Atkins ajouta, pour son compte, que si quelqu’un voulait l’emmener et lui offrait de le reconduire en Angleterre et de le faire capitaine du meilleur navire de guerre de la Marine, il re-