Page:Defoe - Robinson Crusoé, Borel et Varenne, 1836, tome 2.djvu/233

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de détruire tout ce qu’il a fait ; qu’il récompense le bien et punit le mal ; et que nous serons jugés par lui à la fin, selon nos œuvres en ce monde ? Vous n’êtes pas tellement dépourvu de sens que la nature elle-même ne vous ait enseigné que tout cela est vrai ; je suis sûr que vous savez qu’il en est ainsi, et que vous y croyez vous-même. »

« Cela est juste, sir, répliqua Atkins ; mais de quel front pourrais-je dire quelque chose de tout ceci à ma femme quand elle me répondrait immédiatement que ce n’est pas vrai ? »

— « Pas vrai ! répliquai-je. Qu’entendez-vous par-là ? » — « Oui, sir, elle me dira qu’il n’est pas vrai que ce Dieu dont je lui parlerai soit juste, et puisse punir et récompenser, puisque je ne suis pas puni et livré à Satan, moi qui ai été, elle ne le sait que trop, une si mauvaise créature envers elle et envers touts les autres, puisqu’il souffre que je vive, moi qui ai toujours agi si contrairement à ce qu’il faut que je lui présente comme le bien, et à ce que j’eusse dû faire. »

— « Oui vraiment, Atkins, répétai-je, j’ai grand peur que tu ne dises trop vrai. » — Et là-dessus je reportai les réponses d’Atkins à l’ecclésiastique, qui brûlait de les connaître. — « Oh ! s’écria le prêtre, dites-lui qu’il est une chose qui peut le rendre le meilleur ministre du monde auprès de sa femme, et que c’est la repentance ; car personne ne prêche le repentir comme les vrais pénitents. Il ne lui manque que l’attrition pour être mieux que tout autre en état d’instruire son épouse. C’est alors qu’il sera qualifié pour lui apprendre que non-seulement il est un Dieu, juste rémunérateur du bien et du mal, mais que ce Dieu est un Être miséricordieux ; que, dans sa bonté ineffable et sa patience infinie, il diffère de punir ceux qui l’outragent, à