Page:Defoe - Robinson Crusoé, Borel et Varenne, 1836, tome 2.djvu/282

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guerre défensive contre quiconque entreprendrait sur eux ; et je n’entendais point les armer pour une guerre offensive ni les encourager à faire des excursions pour attaquer autrui, ce qui, en définitive, n’eût attiré sur eux et leurs desseins que la ruine et la destruction. Je réservai, en conséquence, le sloop et les canons pour leur être utiles d’une autre manière, comme je le consignerai en son lieu.

J’en avais alors fini avec mon île. Laissant touts mes planteurs en bonne passe, et dans une situation florissante, je retournai à bord de mon navire le cinquième jour de mai, après avoir demeuré vingt-cinq jours parmi eux ; comme ils étaient touts résolus à rester dans l’île jusqu’à ce que je vinsse les en tirer, je leur promis de leur envoyer de nouveaux secours du Brésil, si je pouvais en trouver l’occasion, et spécialement je m’engageai à leur envoyer du bétail, tels que moutons, cochons et vaches : car pour les deux vaches et les veaux que j’avais emmenés d’Angleterre, la longueur de la traversée nous avait contraints à les tuer, faute de foin pour les nourrir.

Le lendemain, après les avoir salués de cinq coups de canon de partance, nous fîmes voile, et nous arrivâmes à la Baie de Touts-les-Saints, au Brésil, en vingt-deux jours environ, sans avoir rencontré durant le trajet rien de remarquable que ceci : Après trois jours de navigation, étant abriés et le courant nous portant violemment au Nord-Nord-Est dans une baie ou golfe vers la côte, nous fûmes quelque peu entraînés hors de notre route, et une ou deux fois nos hommes crièrent : — « Terre à l’Est ! » — Mais était-ce le Continent ou des îles ? C’est ce que nous n’aurions su dire aucunement.

Or le troisième jour, vers le soir, la mer étant douce et le temps calme, nous vîmes la surface de l’eau en