Page:Defoe - Robinson Crusoé, Borel et Varenne, 1836, tome 2.djvu/401

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un Grec, qui se trouve avec eux ; il est arrivé dernièrement d’Astracan et se proposait d’aller au Ton-Kin, où je l’ai connu autrefois ; mais il a changé d’avis, et maintenant il est déterminé à retourner à Moscou avec la caravane, puis à descendre le Volga jusqu’à Astracan. » — « Eh bien ! senhor, soyez sans inquiétude quant à être laissé seul : si c’est un moyen pour moi de retourner en Angleterre, ce sera votre faute si vous remettez jamais le pied à Macao. » J’allai alors consulter mon partner sur ce qu’il y avait à faire, et je lui demandai ce qu’il pensait de la nouvelle du pilote et si elle contrarierait ses intentions : il me dit qu’il souscrivait d’avance à tout ce que je voudrais ; car il avait si bien établi ses affaires au Bengale et laissé ses effets en si bonnes mains, que, s’il pouvait convertir l’expédition fructueuse que nous venions de réaliser en soies de Chine écrues et ouvrées qui valussent la peine d’être transportées, il serait très-content d’aller en Angleterre, d’où il repasserait au Bengale par les navires de la Compagnie.

Cette détermination prise, nous convînmes que, si notre vieux pilote portugais voulait nous suivre, nous le défraierions jusqu’à Moscou ou jusqu’en Angleterre, comme il lui plairait. Certes nous n’eussions point passé pour généreux si nous ne l’eussions pas récompensé davantage ; les services qu’il nous avait rendus valaient bien cela et au-delà : il avait été non-seulement notre pilote en mer, mais encore pour ainsi dire notre courtier à terre ; et en nous procurant le négociant japonais il avait mis quelques centaines de livres sterling dans nos poches. Nous devisâmes donc ensemble là-dessus, et désireux de le gratifier, ce qui, après tout, n’était que lui faire justice, et souhaitant d’ailleurs de le conserver avec nous, car c’était un homme précieux en toute occasion, nous convînmes que nous lui donnerions à nous