Page:Defoe - Robinson Crusoé, Borel et Varenne, 1836, tome 2.djvu/402

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deux une somme en or monnayé, qui, d’après mon calcul, pouvait monter à 175 livres sterling, et que nous prendrions ses dépenses pour notre compte, les siennes et celles de son cheval, ne laissant à sa charge que la bête de somme qui transporterait ses effets.

Ayant arrêté ceci entre nous, nous mandâmes le vieux pilote pour lui faire savoir ce que nous avions résolu. — « Vous vous êtes plaint, lui dis-je, d’être menacé de vous en retourner tout seul ; j’ai maintenant à vous annoncer que vous ne vous en retournerez pas du tout. Comme nous avons pris parti d’aller en Europe avec la caravane, nous voulons vous emmener avec nous, et nous vous avons fait appeler pour connaître votre volonté. » — Le bonhomme hocha la tête et dit que c’était un long voyage ; qu’il n’avait point de pécune pour l’entreprendre, ni pour subsister quand il serait arrivé. — « Nous ne l’ignorons pas, lui dîmes-nous, et c’est pourquoi nous sommes dans l’intention de faire quelque chose pour vous qui vous montrera combien nous sommes sensibles au bon office que vous nous avez rendu, et combien aussi votre compagnie nous est agréable. — Je lui déclarai alors que nous étions convenus de lui donner présentement une certaine somme ; qu’il pourrait employer de la même manière que nous emploierions notre avoir, et que, pour ce qui était de ses dépenses, s’il venait avec nous, nous voulions le déposer à bon port, — sauf mort ou événements, — soit en Moscovie soit en Angleterre, et cela à notre charge, le transport de ses marchandises excepté.

Il reçut cette proposition avec transport, et protesta qu’il nous suivrait au bout du monde ; nous nous mîmes donc à faire nos préparatifs de voyage. Toutefois il en fut de nous comme des autres marchands : nous eûmes touts beaucoup