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UNE DIRECTION ! LE POSITIVISME 109

Sachons que l'esprit est leur symbiose. Les idées ne vivent et ne se sont vivifiantes que si elles pas- sent dans les sentiments, et ceux-ci n'évitent la dé- pravation que s'ils sont guidés par une idée supé- rieure. Ce qui est funeste, c'est la sentimentalisa- tion d'une idéologie sans base positive et qui n'est que l'expression des plus grossiers instincts.

On ne disputerait plus là-dessus si l'intellectualité, plus respectueuse du passé, mieux renseignée, était ramenée à sa fonction au lieu d'être une carrière lucrative et facile, et parfois un parasitisme éhonté. Et l'une des plus heureuses conséquences pour la dignité de l'intelligence serait l'élimination d'une multitude d'artistes, de poètes, de scribouillards en tout genre, qui trouveraient dans l'agriculture, l'in- dustrie ou le négoce un emploi plus utile de leur activité et mieux approprié à leur souci de lucre. Leurs dispositions à se syndiquer « pour défendre leurs intérêts » ainsi se donneraient libre cours, sans hypocrisie et sans scandale. Par là encore s'effectuerait la revision des valeurs.

Ce n'est pas vers ce bon sens, évidemment, que nous porte 1 egocentrisme exaspéré. Par exemple, le Journal officiel nous apprend qu'une commission parlementaire a été nommée pour étudier « l'orga- nisation des relations intellectuelles de la France avec l'étranger ». D'autre part, nous voyons les syn- dicats ouvriers émettre la prétention d'intervenir dans la production ou la distribution des journaux et livres pour en régenter la publication et la rédac- tion. Au surplus, il y avait déjà les trusts de publi- cité, de journaux, de librairie et de messageries. L'ar- gent est un infatigable semeur d'ivraie.