Page:Deherme - Aux jeunes gens.djvu/120

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

108 UN MAÎTRE ! AUGUSTE COMTE

de Comte coordonne le savoir humain. Voilà la base.

Si elle est nécessaire, elle n'est pas suffisante.

« La force intellectuelle, dit Comte, n'est pas, au fond, plus morale que la force matérielle. Chacune d'elles ne constitue qu'un moyen dont la moralité dépend de son emploi. » L'esprit n'est pas destiné à commander, mais à servir. « Il ne doit essentiellement traiter que les questions posées par le cœur pour la juste satisfaction finale de nos divers besoins. L'ex- périence a déjà trop démontré que, sans cette règle indispensable, l'esprit suivrait presque toujours sa pente involontaire vers les spéculations oiseuses ou chimériques, qui sont en même temps les plus nom- breuses et les plus faciles. Mais, dans son élabora- tion quelconque de chaque sujet ainsi proposé, l'es- prit doit rester seul juge, soit de la convenance des moyens, soit de la réalité des résultats. C'est uni- quement à lui qu'il appartient d'apprécier ce qui est pour prévoir ce qui sera, et de découvrir les pro- cédés d'amélioration. En un mot, l'esprit doit tou- jours être le ministre du cœur et jamais son es- clave. »

Le positivisme fait leur part à l'imagination, à la méditation, à l'activité, à l'amour, en réglant leurs rapports pour, finalement, accorder la science, l'ac- tion et l'art dans la religion.

Les controverses sur le primat de l'intelligence ou de la sensibilité ne sont que jeux de coteries, où il convient de s'opposer et s'agiter pour attirer l'at- tention. Encore n'est-ce point, le plus souvent, sans confondre la pensée avec la littérature, la science avec l'érudition et la sensibilité avec le cabotinage.

Dissocier le sentiment et la raison, les opposer ?