Page:Deherme - Aux jeunes gens.djvu/123

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UNE DIRECTION : LE POSITIVISME lll

Ces « compagnons » sont d'une singulière intelli- gence qui mêlent théoriciens et techniciens en se pro- posant d'amener « tous les écrivains, artistes, savants, techniciens et membres des professions libérales, encore dispersés, à entrer dans les syndicats exis- tants ». De plus, ils s'appliqueront à « propager, dans un esprit de nouveau saint-simonisme , la doc- trine française de la primauté de l'intelligence dans la société ». Ce qui attire l'intellectualisme alimen- taire vers le saint-simonisme, c'est surtout, semble- t-il, la simonie. Mais ce n'est pas ce qui peut rendre à l'intelligence sa « primauté » dans la société. Au contraire.

C'eût été l'avis de Remy de Gourmont, qui deman- dait que, dès sa publication, tout livre devînt do- maine public. Et aussi de Proudhon, l'auteur des Majorais littéraires. Un publiciste, qui avoue pourtant être inapte à la sociologie en imaginant que c'est une supériorité, M. Gonzague Truc, écrit: « Ce qui tue la science, c'est le métier de savant; et ce qui tue les lettres, c'est le métier d'homme de lettres. »

Et l'on peut vivre du travail manuel, comme l'a fait observer M. J.-H. Rosny aîné : « Avec les hauts salaires, un jeune homme modeste, dont le luxe se- rait d'ordre intellectuel, pourrait vivre avec le pro- duit de quatre à cinq heures de travail... Pourquoi tant de gens ont-ils peur du travail manuel? »

Comte a montré la haute portée civilisatrice de la séparation du temporel et du spirituel ébauchée par le catholicisme au moyen âge. Son accomplissement implique maintenant la séparation de l'enseignement et de l'État, la suppression de tout budget théorique