Page:Deherme - Aux jeunes gens.djvu/124

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

[['2 un maître: auguste comte

et du régime académique, c'est-à-dire de l'art, des lettres et des sciences comblés de sportules et d'hon- neurs officiels, sinon honorés, enfin et surtout l'abo- lition de l'indéfinissable et insaisissable propriété artistique et littéraire.

Les forces spirituelles ne pourront devenir les arbitres des conflits sociaux que si elles règlent les forces temporelles en les dominant. Et l'on ne do- mine pas le nombre en sollicitant le succès ; l'ar- gent, en le quémandant. Si Grégoire VII avait imploré l'empereur Henri IV pour des prébendes ou des titres, certes il ne l'eût pas amené à Ganossa.

L'intrusion du spirituel dans le temporel est aussi nocive que l'inverse. Frédéric il disait que sïl avait un peuple à châtier, il le ferait gouverner par des philosophes. Aussi les fonctions respectives des théoriciens et des praticiens ont-elles été nettement précisées par Comte : « La vraie théorie est toujours générale comme la saine pratique reste constam- ment spéciale, puisque chacun doit tout concevoir essentiellement, sans que personne aspire à tout exécuter. »

Gertes, chez beaucoup d'intellectuels, il y a encore des élans généreux, de la bonne volonté. Gela se dé- cèle dans de récents manifestes qui s'inspirent des Appels à l'élite que le Groupe Auguste-Comte multi- plia de 1915 à 1919. Pas assez fidèlement, d'ailleurs. Ces jeunes lettrés ont voulu y mettre du leur, et cette infatuation a tout gâté. Au lieu de coaliser les puis- sances de l'esprit, ils ont accru le nombre des cote- ries. Voulant rallier, ils dispersent. Et plus encore quand ils proposent — sérieusement ? — un fantai- siste retour à la confuse scolastique ou au thomisme.