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116 UN MAÎTRE : AUGUSTE COMTE

rébellion générale de l'esprit contre le cœur, qui s'est propagée depuis le seizième siècle, par la critique corrodante, contre toutes les assises de l'ordre et, par le dogme délétère de l'infaillibilité de la raison individuelle, même contre le sentiment social. Or, <( pour quiconque a approfondi l'étude de l'humanité, remarque Comte, l'amour universel, tel que Ta conçu le catholicisme, importe beaucoup plus que l'intelli- gence elle-même dans l'économie de notre existence individuelle ou sociale, parce que l'amour utilise au profit de chacun et de tous jusqu'aux moindres fa- cultés mentales, tandis que l'égoisme dénature ou paralyse les plus éminentes dispositions ».

Comme tous les symptômes morbides de l'anarchie morale, le féminisme est un égocentrisme. Il consiste essentiellement à jalouser chez l'homme les dégra- dantes nécessités qui l'animalisent. Et ainsi, à cette suggestion, la femme abdique la grâce qui charme, la pureté qui élève et la tendresse qui subjugue.

C'est au foyer seulement que la douce influence de la femme peut s'exercer sur les mœurs, — pour les garder, ensuite pour les perfectionner. C'est là aussi qu'elle se préserve elle-même. Car les hommages dont elle est avide, elle les reçoit dans l'intimité pour sa pudeur ; dans la rue, pour son dévergondage.

Le mariage améliore réciproquement les deux con- joints, mais il ne réalise cette fin que s'il est indisso- luble. « Entre deux èlres aussi complexes et aussi divers que l'homme et la femme, ce n'est pas trop de toute la vie pour se bien connaître et s'aimer digne- ment. >» Comte s'élève donc contre le divorce qui est une régression vers la promiscuité sexuelle des sau- vages, car « la possibilité et l'idée du changement