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130 m MAÎTRE ! AUGUSTE COMTE

décidé le moment de la guerre, le philosophe discerne les conditions qui ont provoqué la décision. Sachant, celui-ci prévoit et prévient; pouvant, celui-là pour- voit. Ceux qui n'expriment que de vagues désirs d'harmonie universelle ne comptent que comme des obstacles imbéciles. L'enfer belliciste est pavé d'in- tentions pacifiques.

Comme il a fallu l'accident du besoin, de la pas- sion ou l'occasion pour faire du criminel latent un criminel patent, de même il a fallu un concours de circonstances pour exaspérer d'un degré de plus, chez le peuple allemand, l'impérialisme économique. La race, issue elle-même des conjonctures histo- riques qui l'ont insuffisamment dégagée de sa gangue de barbarie primitive, a fait le reste pour déshonorer la guerre.

Mais le kaiser châtié, l'Allemagne abattue pour un temps, il reste le déflagrateur et l'explosif.

L'hégémonie de l'or s'affirme de plus en plus. Parce que, précisément, son destin est de repré- senter les plus délicates vertus spirituelles de la civilisation la plus humaine, la France victorieuse est diminuée, subordonnée.

C'est pourquoi une grande guerre politique ou so- ciale paraît imminente. Et elle sera provoquée, il va sans dire, par les juristes qui se croient pacifistes et les démagogues qui se disent humanitaires.

Si l'on observe que l'Autriche-Hongrie fut manceu- vrée par l'Allemagne, on retiendra que les peuples qui s'adonnent avec le plus de frénésie à l'expansion matérielle sont ceux qui n'ont pas été formés par la éducation catholique et une civilisation raffinée où la primauté appartenait à l'honneur, à l'intelli-