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1 i2 UN MAÎTRE : AUGUSTE COMTE

incomparable dans la généralisation et la synthèse.

La politique théologique, en proclamant le droit divin, avait institué l'hérédité dynastique. Ce régime a fait la France, la civilisation la plus libérale, la plus aimable, la plus policée, la plus sociable qu'il y ait eue jusqu'alors. Nous vivons encore du suave parfum qui s'en dégage et de la lueur expirante qu'il achève de projeter. Certes, il avait ses défec- tuosités, et d'abord celle de tous les principes abso- lus de s'épuiser rapidement. Mais l'idéologie révo- lutionnaire, avec son spectre de souveraineté du nombre, n'a pu fonder l'apparence même d'un ré- gime. C'est un chaos pestilentiel.

Reste la politique positive. C'est toute l'espérance. Elle conserve pour améliorer. Gardant ce que le passé avait de vital, elle en élimine l'absolu. Par exemple, à l'hérédité dynastique, qui a ses accidents, malgré les régences souvent malheureuses parce qu'elles ont les vices démocratiques de l'instabilité et des compétitions, le positivisme substitue l'héré- dité sociocratique, la désignation des successeurs par les détenteurs du poste. Le système a d'ailleurs l'ait ses preuves déjà : La série des Antonins, celle des ministres Richelieu, Mazarin, Colbert, etc..

La sage monocratie que préconise le positivisme heurte, dit-on, les préjugés populaires. Comte avait noté déjà que le suffrage universel développe « un aveugle orgueil chez nos prolétaires», qui se croient « ainsi dispensés de toute étude sérieuse pour dé- cider les plus hautes questions sociales ». On ne laisse pas d'objecter que les Français ne renonce- ront jamais à leur « droit » de suffrage. Il se peut ; mais, s'ils n'y renoncent point, comme le disait Le