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146 UN MAÎTRE : AUGUSTE COMTE

promotrice, directrice d'une profonde régénération des opinions et des mœurs.

Cette doctrine salutaire est une systématisation du bon sens éternel, c'est-à-dire du capital d'expé- riences, de travail et d'épargne accumulé par des siècles d'efforts, de génie, de sainteté, de souffrances, de déboires et de réussites heureuses. Elle discipline l'instinct divergent en nous apprenant à >< vivre pour et par autrui », « à penser pour agir et agir par affection ». Elle montre que la principale condition du perfectionnement, tant dans la pensée que dans la sensibilité et l'énergie, est la soumission volon- taire aux lois physiques et morales, le respect du lien de solidarité et de continuité.

Elle est une religion de la bonté active. Elle fonde l'unité vers laquelle convergent toutes nos aspira- tions — et qui est la face spirituelle du bonheur — sur la sympathie, la synthèse et la synergie.

Tout est en elle de ce qui fut et de ce qui peut être. Essentiellement relative, elle est indéfiniment progressive. Elle apparaît avec la vie consciente même, elle évolue avec l'évolution, elle s'identifie avec la conscience croissante de l'humanité. Elle ne subordonne tout développement réel qu'à la sauve- garde de l'ordre fondamental dans la nature, dans la société et dans l'idéal. Cet humanisme intégral est vraiment la religion définitive qu'ont préparée, à laquelle confluent toutes les religions provisoires.

Le positivisme n'est pas une création artificielle, ni une révélation fabuleuse, il est toute la pensée de l'humanité, qui ne pouvait se condenser, se préciser que dans le cerveau coordonnateur d'un philosophe français.