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4 UN MAÎTRE '. AUGUSTE COMTE

Et nous apercevons mieux ainsi la solide et harmo- nieuse armature de l'édifice doctrinal.

Le positivisme contenant tout ce qui se pense, sa critique ne se peut faire que du dedans et positive- ment.

Aussi, de tout ce qui fut publié pour décrier Comte et son œuvre, peut-on extraire une apologie de celle-ci et un panégyrique de celui-là. De préfé- rence, je citerai donc les appréciations de tous ces Zoïles qui se réfutent les uns par les autres.

Le plus imposant témoignage, d'ailleurs, c'est, la vie même du philosophe. 11 s'est voulu. Avant la vingtième année, il a choisi, il a décidé ce qu'il se- rait. Rien ne le détournera de s'accomplir dans son œuvre. Il n'est pas d'autre exemplaire d'une telle unité, d'une intégration aussi parfaite de la pensée, du sentiment et de la volonté.

Une occurrence merveilleuse, il est vrai, favorise cette chance.

Auguste Comte naît au début de la Grande Crise (19 janvier 1798;. Pour rassembler ses matériaux, méditer, poser ses assises, il profite des périodes d'accalmie et des régimes assez libéraux de 1816 à 1829 et de i832 à 1848. Si, dès 1840, les coteries universitaires et académiques commencent à le per- sécuter, des savants comme Blainville, J. Fourier, Poinsot, Navier, etc., avaient encouragé ses débuts et lui gardèrent leur amitié. Alors le suffrage uni- versel n'avait pas conféré aux forces matérielles un despotisme sans contrepoids. A l'occasion, le philo- sophe fut soutenu par des industriels comme Ter- naux et Lenoir, des ministres comme de Villèle, le maréchal Soult, le général Lamoricière. Plus tard,