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UNE DIRECTION : LE POSITIVISME 5

quand la persécution s'aggrave, des savants anglais, à l'instigation de Stuart Mill, MM. Grote, Moles- worth et Raikes Currie, suppléent au traitement d'examinateur à l'École polytechnique que vient de lui faire retirer la « pédantocratie ». Enfin, quand il est révoqué de son modeste emploi de répétiteur, les disciples de tous les pays, de toutes classes, ré- pondent à l'appel de Littré et instituent le subside positiviste dont vivra dorénavant le philosophe et qui assurera son indépendance.

D'autre part, les sciences physiques sont parve- nues à la positivité sans être encore dispersées par la spécialisation. Les utopies socialistes de Saint- Simon, Gh. Fourier, Owen, Cabet, etc., ne sont alors que l'expression généreuse d'un besoin con- fusément ressenti de réfection sociale. Lamennais déplore le déclin du pouvoir spirituel de l'Église. Il vaticine : « Croyez-moi..., il s'agit d'une transfor- mation analogue à celle qui eut lieu, il y a dix-huit siècles ; le pressentiment en est partout. » Les Théo- ries du pouvoir social de Bonald sont de 1796. Et Jo- seph de Maistre avait écrit en 1821 : « Attendons que l'affinité naturelle de la religion et de la science les réunisse dans la tête d'un seul homme de génie ; l'apparition de cet homme ne saurait être éloignée, et peut-être existe-il déjà. Celui-là sera fameux... »

A ce moment, le jeune Comte vient de découvrir la loi des trois états. Voilà celui qu'annonce l'auteur des Soirées de Saint-Pétersbourg !