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16 UN MAÎTRE : AUGUSTE COMTE

satisfaire ses rancunes. De nos jours encore, Alfred Fouillée imagina de vanter les niaiseries de sa « psy- chologie » nébuleuse en dénonçant dans les « extra- vagances » de la religion de l'humanité des symp- tômes psychopathiques. Et d'autres ratiocineurs mi- neurs...

Or, c'est précisément cet accident qui manifeste avec le plus d'éclat la splendide raison, le ferme ca- ractère et lardent altruisme de Comte. La vérité, la voici.

Un psychiatre, un universitaire, et donc un adver- saire du positivisme, dans un livre dont le titre même est une sottise, une confusion, à tout le moins une inconvenance (1), est contraint de l'avouer : « Non seulement, après 1826, Comte n'a plus été maniaque, il n'est plus retombé dans ce désordre de sentiments et d'idées où il avait failli se perdre à jamais ; mais, dans les traitements physique et moral qu'il a suivis jusqu'à sa mort, il a toujours donné des signes de haute raison... On ne peut pas faire preuve de plus de conscience et de raison dans la lutte contre la folie ; le régime physique et le régime moral de Comte sont d'irrécusables témoignages de sa santé morale. »

C'est là que va s'exercer ce caractère inflexible, guidé par le génie, exalté par l'amour. « Pendant vingt ans (2;, dit encore M. G, Dumas, Comte sentit toute la cohérence logique de son système exposée à la plus irrémédiable des ruines par un retour pos-

(1) Psychologie de deux Messies positivistes, Saint-Simon et Au- guste Comte, par Georges Dumas. Saint-Simon positiviste ! A. Comte Messie !... (Messie, de l'hébreu maschiah, oint).

(2) Plus exactement pendant trente ans.