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UNE DIRECTION : LE POSITIVISME 17

sible de la folie ; il triompha du danger par des pro- diges de raison et de volonté, par un régime mental et physique qu'il suivit religieusement, et il arriva à écrire, malgré la folie toujours menaçante, le chef" d'œuvre de logique et de clarté qu'est le Cours de philosophie positive (1). »

Désormais, tant que l'exécution de la tâche qu'il s'est tracée ne le nécessite pas absolument, il évitera les excès du surmenage. Certes, il sait que, dans le champ qu'il explore, la continuité de- la contention d'esprit seule est féconde, et, quoiqu'il en ait pesé tous les risques, il n'y renoncera pas ; mais il s'obli- gera au sommeil indispensable, à de longues prome- nades solitaires ; il en viendra à l'abstinence totale, d'abord de café, puis de labac, puis de vin, et jus- qu'à doser sa nourriture. De plus, il proscrira rigou- reusement toute conjonction d'une émotion vive et d'une méditation intense.

Voyez s'il se connaît : « L'accouchement mental, écrit-il à Stuart Mill, est laborieux comme l'accou- chement physique, et a comme lui des conséquences matérielles. Tous les nouveaux pas décisifs que j'ai accomplis dans mes travaux philosophiques ont donné lieu à une crise pathologique correspon- dante. »

Ces crises, on en relèvera trois : en i838, après la mort de sa mère et alors qu'il est en gestation du quatrième volume du Cours, consacré à la sociologie qu'il a fondée; en 18^2, après le départ définitif de sa femme et la préparation du sixième et dernier

(1) Et ensuite le Système de politique positive, et enfin la Syn- thèse subjective.