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UNE DIRECTION ." LE POSITIVISME 19

dorénavant de toute lecture autre que celle des chefs-d'œuvre de la littérature et de la poésie. Son « goût naturel des divers beaux-arts, surtout la poésie et la musique », il le cultivera par « une vive excitation permanente ». Après la crise de 1842, ayant terminé sa construction objective, il laissera s'épanouir ses sentiments affectifs. « Après avoir consacré, dit-il encore, la première partie de ma vie publique à développer le cœur par l'esprit, je voyais sa seconde partie vouée surtout à éclairer l'esprit par le cœur sans les inspirations duquel les grandes notions sociales ne peuvent acquérir leur vrai carac- tère. » Enfin, après i845, c'est le plus ardent de tous, le sentiment religieux qu'il ne cessera d'inten- sifier jusqu'à sa mort.

Dans une lettre à sa sœur du 10 novembre 1848, il écrit : « Quand on se sent pur de tout grave re- proche, le bonheur résulte bien davantage des bonnes affections que des succès matériels, ou même que des triomphes de vanité ou d'ambition... Tous mes amis et disciples savent maintenant combien la culture du cœur importe davantage à mes yeux que celle de l'esprit, seule aveuglément soignée aujour- d'hui. C'est la première leçon que je leur donne et celle sur laquelle je reviens le plus. » Et l'année sui- vante, à la même : « Tu sais que ma dernière publi- cation (le calendrier positiviste que je t'envoyai en avril) porte pour épigraphe : vivre pour autrui. Ce n'est point, de ma part, un désir stérile : c'est le ré- sumé de toute ma philosophie, et je m'efforce déplus en plus d'y conformer l'ensemble de ma vie réelle, tant privée que publique. »

Ayant dit la joie « de subordonner au cœur l'en-