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UNE DIRECTION ! LE POSITIVISME 23

est de « vivre au grand jour », car il n'y a pas de vie privée ; mais, pour toute cette bourgeoisie plus ou moins lettrée, à laquelle nous devons Guilloutet et son « mur », cela ne laisse pas d'être assez co- casse.

Je ne reprendrai pas toutes les insanités qui ont été débitées, notamment au sujet des effusions amou- reuses de Comte, du Grand Être, du Grand Fétiche et du Grand Milieu, etc.. Je ne retiendrai, briève- ment, que les moins stupides.

Les disciples essoufflés comme Stuart Mil] et Littré ont prétendu que, du point où leur petite âme, exté- nuée, s'est arrêtée, leur Maître s'est écarté du véri- table positivisme.

Il y aurait eu, d'après eux, deux parties contra- dictoires dans l'œuvre de Comte. Dans la première, qui va de 1822 à 1842, c'est un clair génie, il s'en tient à une rigoureuse méthode scientifique; par ses « spéculations admirables », il se place « dans la plus haute classe des penseurs européens », et Stuart Mil] ajoute que cet ouvrage (le Cours de Philosophie) est « de beaucoup le plus grand de ceux qui ont été pro- duits parla philosophie des sciences », et son auteur dépasse Descartes et Leibniz... Dans la seconde partie, Comte devient fou, il retourne à la méthode subjective qu'il a condamnée d'abord, un amour sé- nile, on dirait maintenant de l'infantilisme, le fait régresser jusqu'à la primitive incohérence du mys- ticisme fétichiste.

Gageure d'inexactitudes, de contre-vérités, de confusion et d'incompréhension ! Mais tous les pu- blicistes pressés par la copie « intéressante » à four- nir et, à leur suite, le public préférèrent y croire