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UNE DIRECTION : LE POSITIVISME 35

deux délégués chez chacun des membres du conseil solliciter en faveur d'Auguste Comte. »

Emile Ollivier, en recevant É. Faguet à l'Académie française, en a témoigné également : « Je suis peut- être le dernier auditeur survivant du cours qu'Au- guste Comte professa au Palais-Royal après 1848. Il arrivait à 2 heures, en habit noir, petit, l'aspect sévère, un peu souffreteux, la tête inclinée, le front comme dilaté par la tension d'une recherche sans repos, la lèvre dominatrice, le menton obstiné, de l'ascendant dans le regard quoique sans rayonne- ment. Il se plaçait devant une table, avalait une gorgée d'eau et commençait d'une voix égale, mo- notone, sans aucun effort pour entraîner, comme se parlant à lui-même, en des périodes longues, mais claires et précises. A 5 heures, il parlait encore, et aucun auditeur n'était parti. »

Sans doute, il y a des négligences d'écriture re- grettables dans le Cours de philosophie positive. Mais on a vu dans quelles conditions défavorables l'au- teur a dû écrire hâtivement ces six volumes. Il crai- gnait de ne pas arriver à l'œuvre capitale de la Politique.

Littré nous apprend comment le premier ouvrage fut composé : « Il en méditait le sujet de tête et sans jamais rien écrire ; de l'ensemble il passait aux masses secondaires, et des masses secondaires aux détails. Au plan général succédait le plan spécial de chaque partie. Alors, quand cette élaboration, d'abord totale, puis partielle, était accomplie, il di- sait que son volume était fait. Ce qui était vrai : car, lorsqu'il se mettait à écrire, il retrouvait, sans ja- mais rien en perdre, toutes les idées qui formaient