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34 UN MAÎTRE : AUGUSTE COMTE

seur et un examinateur que ses auditeurs n'ont ja- mais oublié.

Un de ses plus perfides ennemis, le mathématicien J. Bertrand, dans ses Souvenirs académiques, en con- vient. « Auguste Comte, en i83j, fut nommé exami- nateur d'admission. Cette fois encore, et dès le pre- mier jour, il obtint la confiance et excita l'admira- tion. Les examens de 1837 sont restés légendaires -, on les citait comme un modèle de sagacité et de finesse. Comte apportait une série de questions bien choisies, recueillies pendant vingt années d'ensei- gnement, assez simples pour que tout élève bien instruit pût improviser une solution, assez com- plexes pour que les meilleurs trouvassent l'occasion de montrer leur supériorité, assez ingénieusement semées de pièges pour que les plus habiles attei- gnissent seuls le but, sans avoir trébuché sur la route. La salle d'examen était, dès le matin, remplie d'auditeurs ; plus d'un maître y venait pour s'in- struire, plus d'un curieux désintéressé prenait plaisir aux drames ingénieux que Comte faisait naître. On avait rencontré l'examinateur sans défaut. Les can- didats de quatrième année, laborieusement préparés aux questions routinières et banales, voyaient dis- paraître leurs plus belles chances et s'en attristaient sans oser se plaindre. La chaire de professeur d'ana- lyse et de mécanique étant devenue vacante en 1840, par suite de la nomination de Duhamel aux fonc- tions d'examinateur de sortie, Auguste Comte la réclama comme une récompense due à ses services, et au souvenir des leçons de i836. La sympathie des élèves lui était acquise. Par une démarche sans pré- cédent, qui jamais ne s'est renouvelée, ils envoyèrent