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UNE DIRECTION : LE POSITIVISME 55

Comte. Il Ta proclamée, dans sa constitution et sa pensée, « le chef-d'œuvre de la sagesse humaine ». Mais convenons que l'expression positiviste de cette admiration blesse un croyant qui veut que cette Église soit d'origine divine. Toute sa foi est là, et son ressort. Si l'Église n'était pas essentiellement théologique, le positivisme lui eût succédé sans bri- sure, sans cet interrègne spirituel prolongé durant lequel la civilisation menace d'être emportée par la frénésie des idéologies révolutionnaires. Car, en dé- finitive, le vrai catholicisme, la religion humaine, universelle, et donc relativiste, c'est le positivisme.

A cet égard, Comte est bien « l'héritier des grands docteurs de l'Église », ainsi que Ta reconnu un de ses détracteurs. Parmi les croyants, seules les hautes intelligences en* peuvent convenir, et celles- là sont, partout, extrêmement rares. Aussi la plu- part des bigots sont-ils moins navrés par l'abjecte anticléricalisme d'un Taxil ou l'athéisme matéria- liste d'un Le Dantec que par un positiviste qui suit le précepte de Y Imitation : « Il y a beaucoup de choses qu'il importe peu ou qu'il n'importe point à l'âme de connaître. »

A propos des catholiques, Comte écrivait à Stuart Mill : « Nous pouvons rendre bonne et pleine justice à tous nos adversaires, et ils ne peuvent aucunement nous le rendre sans renoncer à leurs vains prin- cipes. »

Néanmoins, il proposa de fonder la ligue univer- selle de tous ceux qui ont une religion contre les barbares qui n'en ont pas. Le 20 février 1857, son disciple Sabatier sollicita une entrevue à cet effet avec le général des Jésuites à Rome, le P. Bex; mais