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60 UN MAÎTRE ! AUGUSTE COMTE

Luttons donc à qui de nous deux éprouvera les meil- leurs sentiments et pratiquera la meilleure conduite. Que cette sainte émulation soit, pour chacun, la seule manière de faire prévaloir les principes qui le dirigent, et sur lesquels la discussion ne doit jamais porter directement. »

Tant que les mécréants n'étaient que des libertins, les vertus du théologisme n'en étaient que plus manifestes. Mais il n'en est plus ainsi quand le doute s'empare des plus nobles natures.

Moins une institution sociale peut le bien, plus elle permet le mal. Elle cherche, dès lors, à se sou- tenir par les éléments inférieurs toujours plus nom- breux. On craint que l'Église en soit là. En tout cas, son déclin s'accélère. On peut encore, dans les pe- tites gazettes bigotes, calomnier Comte ; mais il est flagrant que le pape n'a pu arrêter ni même atténuer l'atroce carnage qui vient d'ensanglanter l'Europe. Son implacable neutralité fut une abdication que les circonstances lui imposaient. Il a conscience quil ne canalise plus les forces brutes. Il sait qu'il ne se maintient encore que par les puissances d'op- pression et l'ignorance des masses. Et il convient de le louer de s'appuyer sur ses seuls étais, car il reste, malgré tout, la plus grande autorité morale.

Pour éviter surtout la périlleuse transition méta- physique, Comte s'est efforcé de ménager un che- min de velours entre le théologisme finissant et le positivisme naissant. Aussi n'a-t-on pas manqué de l'accuser de parodier le catholicisme, alors qu'il le prolonge ou l'élève (1). Mais, pour les natures dé-

(1) De même, certains érudits, ignorants des méthodes