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82 UN MAÎTRE : AUGUSTE COMTE

ou deviendront tant de subtiles spéculations sur les origines et les fins, l'être en soi, les entités, le libre- arbitre, les idées-forces de Fouillée, l'objectivisme absolu de Durkheim, etc. ?... Tous ces doctes bavar- dages passent, le bon sens positif demeure et s'in- filtre.

« Tout ce qui est un éternel sujet de discussion, a dit Voltaire, est forcément pour nous d'une inuti- lité éternelle. » Et Diderot accentue : « Je considère avec Spinoza toute méditation sur l'au-delà et sur la mort comme inutile, vaine et déprimante. » Le positivisme s'en tient à cette sage résignation. Sa théorie de la connaissance lui est propre, elle est positive, entendons historique et sociale.

Des scientistes, que l'éclat des allumettes qu'ils frottent dans leurs cryptes éblouissent jusqu'à l'aveu- glement, s'imaginent que des vues plus ou moins ingé- nieuses sur la composition de la matière, la nature de l'énergie, la conception du temps, ou moins encore, la découverte d'un corps nouveau, remettent en ques- tion la définitive synthèse positive. Comte ne s'est pas préoccupé de savoir si la locomotive qui mène le train serait alimentée par le bois, la houille, l'élec- tricité ou le mazout. Il a construit la machine, il a posé les rails et, par là, il a tracé la route. Les techniciens qui perfectionnent la machine ont leur utilité; mais à la condition expresse de ne pas dé- railler.

D'autres, qui s'acharnent à des recherches imbé- ciles, soutiennent qu'ils découvrent ainsi, parfois, des applications heureuses. S'il est vrai, il est indu- bitable que ces découvertes ou d'autres, plus fé- condes, eussent été faites aussi bien si le travail de