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Page:Deherme - L’Idéologie délétère.djvu/10

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Dès lors, en effet, l’ordre social ne paraît plus invariable. L’unique frein est brisé que nécessite, d’après A. Comte, « notre tendance spontanée à former nos opinions d’après les espérances ou les craintes résultées de nos désirs ».

Aux castes est substitué ainsi le funeste choix du supérieur par l’inférieur que notre suffrage universel, logiquement, a développé jusqu’à l’absurde.

Les castes, au fond, ne sont pas si odieuses que le grossier préjugé égalitaire nous le fait croire. La féodalité spirituelle qu’institua le brahmanisme dans l’Inde avait ses beaux côtés. C’était, écrit le Japonais Okakura (Kakuzo), « la culture absolue fondée sur une extrême simplicité de vie ».

Évidemment, il n’est rien qui puisse autant scandaliser nos intellectuels mercenaires que d’apprendre qu’un brahmane peut être, est souvent à la fois le plus humble, le plus pauvre des paysans et un très haut seigneur du savoir et de l’intelligence. « L’esprit révolutionnaire de l’Occident, a dit Pierre Laffitte, confond trop la soumission volontaire, émanée d’une réelle vénération, avec une soumission absolue. Le type de la dignité humaine ne consiste pas, comme le pensent ces docteurs, à ne se soumettre qu’à la force. » Comme l’a marqué Auguste Comte, l’égocentrisme entraîne cette déchéance : « Tous voulant aujourd’hui commander, et pouvant souvent espérer d’y parvenir, chacun n’obéit ordinairement qu’à la force, sans céder presque jamais par raison ou par amour. »