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XXVI. — La confusion des fonctions.


Gouverner par tous, c’est gouverner contre tous, puisque c’est abandonner la direction à l’ignorance qui divise et aux passions, aux intérêts personnels qui opposent.

La république possible, ce serait gouverner pour tous. Elle est donc, essentiellement dictatoriale, — une monocratie.

« Si chacun balayait devant sa porte, la rue serait propre », rabâchent volontiers les moralistes à courte vue, pour nous faire entendre que la bonne volonté suffit. Eh bien, non ! La rue serait d’autant plus sale que chacun croirait avoir fait ce qu’il faut en déplaçant les ordures, renvoyées de l’un à l’autre[1]. Si les habitants du quartier parvenaient à s’entendre pour pousser les tas de détritus dans le même sens, aux mêmes heures, — ce qui ne peut réussir que pour une besogne aussi simple, il y aurait, à tout le moins, pour chacun d’eux, un dérangement, un souci, une perte de temps nullement en rapport avec l’humble office que peut accomplir mieux un balayeur public.

Le progrès consiste dans la spécialisation des fonctions. On ne perfectionne le concours dont il

  1. C’est le vain labeur auquel se livrent tant de braves gens, tout pénétrés de l’importance de leur balai, tant de publications aussi bien pavées que l’enfer et tant de ligues pompeuses, sinon pompières.