Page:Deherme - La Crise Sociale.djvu/20

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n’est pas rétrograder et que préférer un passé glorieux à un présent honteux n’est pas nécessairement enrayer la possibilité d’un avenir meilleur ? Comment lui faire entendre que « le vrai progrès n’est que le développement de l’ordre » ?

Dans la sphère morale, la tâche est encore plus lourde. Comment obtenir de l’individu, affolé par le mirage de ses « droits », qu’il se subordonne à l’ensemble, qu’il reconnaisse d’abord ses devoirs, qu’il rentre, en un mot, dans l’orbite de la centripète sociale ?

Si lourde qu’elle apparaisse, il faut pourtant assumer cette tâche pressante. Pour la jeunesse qui lève, si elle a la foi, ce lui sera aisé. Si elle ne l’a pas, son héroïsme sans espoir ne se pourra soutenir que par le caractère. Elle se grisera de l’amertume de Leopardi : « Agir sans espérer ».

L’œuvre de reconstitution est peut-être, désormais, impossible. Sans miracle, elle l’est certainement. Mais la jeunesse française aime les vastes propos. La terre de France fut toujours propice aux miracles.

L’enthousiasme est une fleur rare et magnifique qui ne vient que dans le champ de l’impossible.

Prenons confiance. Avec la jeunesse enthousiaste et généreuse, formons un cordon sanitaire infranchissable à tous les éléments de dissolution et de rétrogradation présociales, reconstituons la société française, saine, forte, prospère, humaine.

L’anarchie va provoquer la réaction. Mais ce remède héroïque ne laisse pas d’être dangereux.