Page:Deherme - La Crise Sociale.djvu/24

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de leur étiquette de progrès et le monopole de la popularité ?

Vous, les libéraux, aux paroles onctueuses, aux gestes mesurés, qu’avez-vous fait pour éveiller et discipliner cette grande force sociale qui est dans le peuple ? Quand vous vous indignez, ce n’est pas contre la concussion, la corruption ni la tyrannie, mais contre une réforme sociale.

On sait bien que la plupart de ces prétendues améliorations n’en sont pas et se retournent contre ceux pour qui on prétend les avoir faites ; mais vous ne le dites point. D’ailleurs, il en est qui promettent plus, qui constitueraient des expériences intéressantes, qui manifesteraient, à tout le moins, une bonne volonté de justice, et auxquelles vous resterez aussi opposés, systématiquement. On ne vous voit pas, en tout cas, proposer quelque autre réforme plus efficace. Vous ne sortez de votre indifférence dédaigneuse que lorsqu’il est question, sérieusement, de toucher aux coffres-forts.

Aussi, pour le peuple, le politicien flagorneur est l’ami, le défenseur, et vous, qui valez mieux, vous êtes les bourgeois aheurtés dans l’iniquité, les irréductibles adversaires. Avouez que vous ne faites rien là contre, et que vous êtes stupidement décidés à ne rien faire.

Que des travailleurs, dégoûtés de la démagogie s’avisent de créer une œuvre sociale, organique : coopérative, syndicat ou université populaire, — et cette œuvre, si elle est vraiment indépendante, ce qu’elle doit être, est assurée à l’avance de voir s’élever