Page:Deherme - Le Pouvoir social des femmes.djvu/16

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bles l’auraient assez systématisée ». Il indiquait l’italien, parce que c’est la langue que la poésie et la musique ont le mieux cultivée ; parce que son adoption, alors, semblait devoir présenter le moins d’obstacles, la population italienne étant « la plus pacifique » et « la seule pure de toute colonisation ». Mais l’Italie étant devenue une grande puissance militaire, colonisatrice, très belliqueuse, et la colonisation d’ailleurs étant tout autre chose que ce qu’elle était vers 1840[1], surtout la colonisation française, il est plus probable que c’est le français, présidant à la fusion des langues romanes, qui sera la langue d’abord sacrée, puis universelle, prévue par Auguste Comte. N’a-t-elle pas été déjà, en fait, la langue diplomatique ?

Des réformateurs impatients le demanderont sans doute : combien de siècles faudra-t-il pour réaliser cette fusion de langues ? — Autant que pour instituer définitivement l’ordre humain positif, peut-on leur répondre.

L’unité de langage n’est possible ni désirables sans l’unité morale. C’est ce qu’on répondra aussi à ceux qui objectent, avec M. L. Couturat :

« Il est impossible que tous les peuples se mettent d’accord pour adopter la langue de l’un quelconque d’entre eux. Un tel choix se heurterait non seulement à l’amour-propre légitime des diverses nations, mais

  1. Alors on voulait des colonies pour se procurer ou pour exploiter des esclaves. La colonisation française, depuis, fait disparaître l’épouvantable traite des esclaves et elle s’efforce de supprimer l’institution de l’esclavage partout où elle subsiste encore.