Page:Deherme - Le Pouvoir social des femmes.djvu/15

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

suivre la même marche que la communauté d’opinions et de mœurs qu’il suppose et développe ». Pour lui, cette unité de langage était, à la fois, conséquence et condition de l’universalité religieuse.

« Il était, sans doute, absurde, ajoutait-il, d’espérer la langue universelle en laissant prévaloir des croyances divergentes et des mœurs hostiles. Mais il serait autant contradictoire de concevoir toutes les populations humaines unies par une foi positive dirigeant une activité pacifique, et parlant ou écrivant des langues toujours différentes. »

Auguste Comte peut donc être classé, avec François Bacon, Descartes, Pascal, Leibnitz, Locke, Montesquieu, Voltaire, Diderot, Condillac, Volney, Ampère, etc., parmi les annonciateurs d’une langue universelle. Est-ce à dire qu’il eût été partisan de l’une quelconque des langues internationales que l’on nous propose aujourd’hui ? Nullement. Le fondateur de la sociologie ne pouvait admettre la possibilité d’instituer une langue universelle artificielle.

« L’esprit métaphysique, a-t-il dit, fit méconnaître la spontanéité d’une telle construction, qui, nécessairement fondée sur l’élaboration populaire, ne peut résulter que de l’adoption unanime d’une langue existante. »

Auguste Comte croyait que cette langue pourrait être « celle de Dante et de l’Arioste », dans laquelle se fondraient les cinq principales langues européennes, « quand des modifications convena-