Page:Deherme - Le Pouvoir social des femmes.djvu/19

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n’a retenu qu’un mot volapück, « allo », tandis qu’il emploie quantité de mots étrangers.

Mais les faits ne comptent point pour les utopistes, ni les méthodes. M. L. Couturat a écrit un jour :

« A l’idée d’une langue artificielle on objecte souvent que les langues sont un produit spontané de l’esprit populaire, et ne peuvent se créer par décret ou par convention. Mais c’est une induction illégitime, qui érige un fait historique en une loi nécessaire : de ce que toutes les langues sont nées de cette manière, on ne peut pas conclure qu’elles ne puissent pas se former autrement. »

Ainsi, selon M. Couturat, qui est professeur de l’Université, c’est une « induction illégitime » de conclure que, tous les hommes étants morts jusqu’ici, lui et moi nous mourrons un jour. S’il en est ainsi, si l’induction n’est plus « la clef de la nature » reconnue par Taine, si nous ne devons plus « induire pour déduire afin de construire », comme le prescrivait A. Comte, nous ne pouvons conclure en rien sur rien, aucune action ne peut plus s’ordonner, aucune discipline ne peut plus être consentie, le monde devient le reflet des divagations de notre esprit ou le jouet de nos caprices.

M. L. Couturat, il est vrai, nous cite des exemples : les grandes villes américaines bâties d’après un plan, les découvertes scientifiques… Mais cela n’a rien à voir avec une grande institution sociale comme celle des langages. Et il n’y a jamais eu aucun fait social, aucune institution so-