Page:Deherme - Le Pouvoir social des femmes.djvu/20

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ciale sans antécédent historique. Et comme il n’y en a jamais eu, nous sommes assurés, autant qu’on peut l’être, qu’il n’y en aura jamais. La filiation est la méthode propre à la sociologie. Mais, dans notre démocratie parlementaire, on se soucie fort peu de la méthode sociologique pour traiter du social : il semble que le verbiage suffise.

« S’il fallait en supprimer tout élément artificiel, nous dit encore M. L. Couturat, il faudrait rayer de nos dictionnaires tous les mots dits « de formation savante », soit 21.000 sur 27.000 en français, sans parler des nombreuses règles grammaticales qui sont nées, non pas de l’usage populaire, mais des raffinements des lettrés et des fantaisies des grammairiens. »

A la méthode sociologique, on substitue le grossier procédé électoral et matérialiste du nombre. Il est aussi déplacé ici qu’en politique ou en philosophie. J’invite M. L. Couturat à imaginer que les 21.000 mots et les règles dont il parle sont supprimés ou bien qu’ils subsistent seuls : il constatera que, dans ce dernier cas seulement, la langue française n’existerait plus.

Mais voici qui a plus de force :

« En fait, nous dit M. L. Couturat, il existe déjà des systèmes de signes internationaux, les chiffres, les signes d’algèbre, les formules chimiques, les notes de musique, les signaux maritimes, qui tous sont conventionnels et deviennent par l’habitude aussi naturels que les langues vulgaires, de même que les signes du télégraphe, les signes manuels des sourds-muets, l’alphabet Braille des aveugles ; tous ces systèmes sont autant de langages, résultats d’une invention et d’une