Page:Deherme - Le Pouvoir social des femmes.djvu/22

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dentale, — seulement alors s’élaborera et s’imposera une véritable langue internationale, naturelle et vivante.

Remarquons-le : si l’on préconise une langue artificielle, c’est parce qu’on est obligé de reconnaître qu’aucune autorité spirituelle ne peut désigner et imposer maintenant, aux peuples civilisés, la langue de l’un d’eux. Et, quoi qu’on dise, pour les systèmes artificiels, les difficultés sont les mêmes.

L’Eglise seule a pu internationaliser le latin. Un pouvoir spirituel seul peut universaliser une langue, parce que seul un tel pouvoir commande aux passions et aux intérêts particuliers et momentanés.

Actuellement, il y a bien cinq ou six systèmes en présence, et l’espéranto paraît le plus répandu. Mais M. L. Couturat lui-même ne peut admettre que la concurrence désignera le meilleur à l’exclusion des autres.

« Mieux vaudrait une seule langue internationale médiocre, dit-il, que plusieurs langues internationales plus parfaites, mais dont aucune ne serait internationale. Il faut donc remettre le choix à une institution internationale qui ait la compétence et l’autorité nécessaires, afin que sa décision s’impose aux intéressés et les mette tous d’accord. »

Bien dit. Mais où prendra-t-on cette institution internationale ? En 1901, M. L. Couturat songeait au ramas de littérateurs, de spécialistes, de métaphysiciens et de pédantocrates qu’était l’Associa-