Page:Deherme - Le Pouvoir social des femmes.djvu/35

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tion que sur les corps. Ils gardent l’âme et me rejettent le cadavre. » Aussi essayera-t-il de devenir le chef suprême de l’Eglise française en faisant du clergé « une sorte de gendarmerie sacrée ». Déjà le Premier Consul dira : « Il faut une religion au peuple, et il faut que cette religion soit dans la main du Gouvernement », — et ce sera le Concordat. Il faut aussi que l’instruction soit dans la main du Gouvernement, — et ce sera l’Université. Aussi la science, — et ce sera, pour l’intelligence, le régime académique. Aussi l’activité sociale, la famille, — et ce sera le dissolvant Code civil. Taine nous montre Bonaparte voulant « tirer parti des prêtres », voulant avoir « ses conciles », voulant avoir à lui « la direction du pape ». C’est ainsi que l’héritier impérial sera « roi de Rome ».

Et voilà le plus grand des jacobins. Celui qui a disposé des forces énormes de plusieurs peuples et de toutes les erreurs d’un siècle fanatisé pour réaliser l’ordre matériel. Il aboutit pour lui-même à Sainte-Hélène, et, pour la France, à Waterloo. Habile ? Génial ? Sans doute ; mais d’une habileté, d’un génie diaboliques à poursuivre sa ruine et celle de la France Que n’avait-il, avec son savoir-faire, un peu du savoir penser, de la science politique dont était pourvu le plus humble évêque du moyen âge ?

Tous nos internationalistes et nos utopistes, là-dessus, sont jacobins et césariens. Ils sont aussi rétrogrades que le « jobard de Sainte-Hélène ». Ils oublient que « l’état naturel des princes, ainsi que le montrait Montesquieu, c’est de forcer et d’être forcés ». Et leur bonne volonté n’y peut