Page:Deherme - Le Pouvoir social des femmes.djvu/39

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foules pour l’organisation de l’opinion publique. Ceci est moins aisé que cela. Il y faut une doctrine et une autorité spirituelle pour l’enseigner et la garder.

Sans doctrine, c’est-à-dire sans dogme pour baser et nourrir la pensée, sans régime pour discipliner l’action et sans culte pour exalter et guider le sentiment, il ne subsiste qu’une monstrueuse exploitation de l’ignorance et des vices populaires par tous les charlatans que notre anarchie spirituelle fait pulluler. Quand le prêtre est chassé, c’est l’histrion, la tireuse de cartes, le spirite, le thaumaturge plus ou moins diplômé, le démagogue et l’aventurier qui prennent sa place.

Les ligues et congrès pacifistes sont un rassemblement confus d’athées, de protestants, de francs-maçons, de musulmans, de juifs et de politiciens. On rirait bien, si cela ne marquait la gravité de la démence occidentale ! Cette cohue grégaire — où l’on ne s’entend sur aucun principe positif essentiel — a la prétention d’organiser l’opinion publique, de la diriger, et de remplacer l’Église, — pour achever de la détruire. Ces lamentables dupes des mots n’omettent que ceci : l’Églisea un corps et une âme, une constitution et une doctrine, — et ils n’ont que de vagues aspirations, aussi incohérentes qu’inefficaces.