Page:Deherme - Le Pouvoir social des femmes.djvu/42

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puyer, ni comment et vers quoi aller. Elle est sans base, sans guide et sans but. Car, enfin, la Liberté abstraite — qui n’est que vagabondage — n’est pas une base, la Vérité abstraite — qui n’est que l’absolu dans le vide — n’est pas une direction, et la Justice abstraite — qui se résume dans la subordination de l’intérêt général aux désirs particuliers — n’est pas un but. Ce ne sont que des mots au service des instincts, des paresses et des caprices, et qui masquent un effrayant recul vers la barbarie. De là cette garrulité qui nous étourdit et nous rend de plus en plus inaptes à tenir compte des réalités sociales. Et les groupes organiques se dissolvent, les cellules défensives se débilitent, « le gorille lubrique et féroce » réapparaît à la lumière, dans nos villes, enfin la multitude asiatique s’arme silencieusement. La civilisation occidentale, la société française surtout, est comme dans une automobile conduite par un chauffeur ivre et qui descend les flancs escarpés d’une montagne, entre des précipices, à la quatrième vitesse. La catastrophe est d’autant plus certaine qu’on s’est acharné, au départ, à briser tous les freins.

Qu’on juge cette situation plus ou moins tragique, et quelque optimisme qu’on affiche, à moins d’être un des bas profiteurs de ce désastre ou une brute stupide qui convoite les épaves, on ne saurait contester qu’elle est inquiétante. On peut ergoter sur des détails ou sur les causes, dans son ensemble le fait s’impose. Le danger est certain, il est imminent. Des politiciens même, comme