Page:Deherme - Le Pouvoir social des femmes.djvu/46

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Et il y faut, on l’entend bien, un pouvoir efficace. Pas de société sans gouvernement, et pas de civilisation sans société, — qu’il s’agisse du temporel ou du spirituel.

Mais qu’est-ce que la société ? Qu’est-ce que la civilisation ? Où est le spirituel, où le temporel ?

Aujourd’hui, tout est confondu. L’État enseigne et ne commande pas. Le pédagogue invoque l’État et ne se soucie plus d’éducation. La femme, pour dominer, veut employer tous les moyens qui ne sont pas de son cœur, où seulement elle prévaut. Le jacobinisme le plus obtus se généralise. On ne croit plus qu’aux contraintes, aux forces brutes : le policier, le percepteur, la basoche et sa procédure, la prison, le fusil ou la bombe, la loi écrite, l’argent. Le moyen, universellement, est pris pour le but. Ainsi le progrès consiste en des améliorations matérielles, ou plutôt en ce qui nous paraît des améliorations. Quant à la science, ce que les mandarins nous font prendre pour la science, c’est ce qui aide à nous étourdir. Nous nous glorifions de savoir qu’on fait 200 kilomètres à l’heure dans un appareil volant et que les rayons X vibrent 300 milliards de fois en un milliardième de seconde. Et, comme les sauvages prennent tout ce qui brille pour de la beauté et de la richesse, nous considérons que tout brevet est du savoir et la mercerie de l’honneur.

Le véritable progrès est dans un autre sens, la vraie science est autre chose. Notre démence législative n’est pas de la politique, notre barbarie d’argent n’est pas de la civilisation.