Page:Deherme - Le Pouvoir social des femmes.djvu/64

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et qui sont tout disposés à faire bon marché du libre examen individuel. Un protestant qui occupe une place éminente dans l’Université m’écrivait aussi, à propos du discours d’Anatole France à la Maison des étudiants : « Cette thèse : que ce sont les progrès scientifiques qui sont la base des vrais progrès sociaux, est celle de Condorcet, de Berthelot et des sociétés de libre pensée ; c’est la thèse du gouvernement, de Gambetta à Doumergue, en passant par Jules Ferry, Combes, Clemenceau. G’est la thèse dont nous périssons. » Il y a donc en ce moment, parmi les protestants les plus clairvoyants, parce que les plus intelligents ou les plus dévoués, un mouvement sincère et plein de promesses pour réaliser l’union, tant souhaitée par A. Comte, si négligée jusqu’ici par ses disciples, de tous ceux qui ont une religion contre les barbares, sceptiques, déistes, matérialistes, athées, qui n’en ont pas. Et sans cette grande ligue religieuse, toute tentative de reconstitution sociale est vouée à l’échec. J’ignore quel accueil les catholiques français feront à ces avances. Mais je sais qu’en les repoussant ils commettraient une lourde faute, dont ils ne se relèveraient pas. Et d’abord, directement, envers eux-mêmes ; car la ligue religieuse seule peut fonder la liberté spirituelle qui mettra fin aux persécutions. Ensuite, envers la patrie ; car elle n’en peut plus d’être divisée et que ses enfants s’entre-déchirent. Enfin, envers l’Eglise, car elle périra si la France périt. En tout cas, les positivistes qui, en aimant et en