sans savoir pourquoi les ustensiles de place, apportait du linge près du lit, ou rangeait les meubles au hasard sous prétexte de faire de la place.
Lorsque l’opération fut terminée, et que Mariette eut replacé mademoiselle de Liron au milieu de son lit, le nouveau médecin, à qui l’émotion autant que la politesse de M. Tilorier avaient donné le droit de parler, répéta toutes les recommandations que son confrère n’avait cessé de faire depuis longtemps ; et se tournant vers Ernest, qui paraissait être et qui était en effet la seule personne de la maison qui pût tenir la main à ce que ces prescriptions fussent suivies :
— Monsieur, lui dit-il, il y a deux choses importantes à faire observer à la malade : une sobriété approchant de l’abstinence, et un repos complet du corps et de l’âme. Pardon si je vous quitte brusquement, mais je retourne à Clermont, où je suis impatiemment attendu.
Il sortit accompagné de M. Tilorier, qui le reconduisit jusqu’à la grille d’entrée.
Pendant ce temps, mademoiselle de Liron fit approcher Ernest de son lit.
— Il est inutile sans doute d’instruire mon père de cet accident, dit-elle. Quand je serai mieux, il me reverra sans s’être aperçu de mon absence… Mais, Ernest, je vois bien à présent que je suis malade… Je désirerais que vous restassiez près de moi.
Elle s’arrêta, et fit signe à Mariette de s’approcher.
— Mariette, lui dit-elle, tu apprêteras le lit et la chambre jaune ici-dessous ; mon cousin y logera. Il est bon que nous ayons un homme auprès de nous si nous étions malades sérieusement. Cela vous convient-il, Ernest ?
— Je suis tout à vous, ma cousine, répondit-il ; mais puisque vous voulez bien croire que je pourrai vous soigner, je vais commencer cette fonction en vous priant de garder le silence et de faire en sorte de reposer.
— Je vous obéis, dit-elle ; et en effet elle resta calme, et finit par s’assoupir.
Cette saignée, sans détruire le mal, soulagea beaucoup les souffrances que mademoiselle de Liron avait éprouvées.