Page:Delécluze - Romans, contes et nouvelles, 1843.djvu/134

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chini comme un événement fatal et inévitable. Il ne serait peut-être pas difficile de dire lequel des deux arguments influa le plus directement sur la résolution du pape ; ce qu’il y a de certain, c’est qu’après être demeuré assez longtemps plongé dans ses réflexions sans faire aucun mouvement, il releva tout à coup la tête et dit en souriant à dona Olimpia : « Je fais Maldachini cardinal. »

Il faudrait que l’on sût ce qu’il n’a pas été possible de développer encore, c’est-à-dire quel assemblage d’espérances, de craintes, de projets, d’idées et de passions de toute nature, s’était amoncelé dans le cœur et l’imagination de dona Olimpia, pendant le cours de cet entretien nocturne, pour que l’on se formât une idée de la détente générale qui eut lieu dans toutes les facultés de cette femme, lorsqu’elle eut obtenu ce qu’elle désirait. Elle se jeta aux pieds du pape, baisa ses vêtements, lui prit les mains, sourit et pleura en même temps, et finit par assurer le pontife qu’elle était la plus heureuses des créatures de ce qu’elle avait pu le décider à faire une promotion qui, d’après ses idées, devait être un des actes les plus importants du gouvernement d’Innoncent X.

« La volonté de Dieu soit faite, chère sœur, dit le pape en lui touchant légèrement le bras ; je suis charmé de vous voir satisfaite. Mais tout ce qui vient d’être fait sera le sujet d’une terrible conversation demain entre Pancirole et moi.

— Veuillez ! veuillez ! saint-père ; ordonnez, et n’allez pas vous engager dans une discussion qui n’aurait d’autre résultat pour vous que des contrariétés, puisque tout est décidé... arrêté entre nous. N’est-ce pas, frère ? ajouta-t-elle avec un certain accent persuasif et affectueux auquel Pamphile n’avait jamais su résister ; n’est-il pas vrai que vous avez reconnu l’importance et la vérité de tout ce que je vous ai dit ? Vous le savez, non-seulement j’ai toujours pris vos intérêts avec ardeur et sincérité, mais vous l’avez dit bien des fois vous-même, que le ciel me fournissait d’heureuses inspirations chaque fois que je m’occupe de ce qui vous touche. Si je ne me trompe, et en acceptant la joie que j’éprouve comme un présage favorable, jamais détermination n’aura